mercredi 9 juillet 2008

La cyberguerre est-elle commencée ?

Lorsque les autorités estoniennes ont déplacé, à Tallinn au printemps 2007, un monument à la gloire des soldats russes, la manoeuvre a déclenché ce qui peut être considéré comme la première guerre cybernétique dirigée contre un État. L'Estonie, un des pays les plus branchés au monde, a ainsi vu des dizaines de ses sites gouvernementaux mis hors services par près de 150 attaques coordonnées provenant vraisemblablement de la Russie.

Plus récemment, en juin dernier, des messages dans les forums internet russes, appelaient les hackers russes à s'unir pour lancer des attaques massives sur les sites des gouvernements des pays baltes en guise de désapprobation de la façon dont les russophones seraient traités dans ces pays. Un porte-parole du ministère de la Défense estonien, Madis Mikko, évoquait la possibilité qu'il s'agisse d'un véritable "acte de guerre" : "Si vous lancez un missile contre, par exemple, un aéroport, il s'agit d'un acte de guerre. Si les mêmes dommages sont provoqués par des ordinateurs, comment doit-on qualifier ce genre d'attaque?" demandait-t-il?

De fait, Internet serait-il le moyen idéal de s'inviter chez l'ennemi? Guillaume Tissier de la Compagnie européenne d'intelligence stratégique (CEIS) affirme que le "pire serait d'ignorer le problème parce qu'il est difficile à concevoir". Dans le sillage des événements survenus à Tallin, Richard Clarke, un ex-membre du U.S. National Security Council prenait conscience à quel point les infrastructures stratégiques américaines étaient vulnérables face aux attaques cybernétiques : des dizaines de barrages, de centrales de raffinage et de réseaux électriques majeurs, entièrement contrôlés informatiquement par des systèmes créés par Honeywell et Zynex, peuvent être perdus aux mains d'habiles hackers en quelques minutes.

Tous les gouvernants de tous les pays sont maintenant appelés à revoir leur stratégie de défense. Le Conseil de l'Europe a consacré récemment un colloque sur le sujet. Les États-Unis, peut-être plus conscients de leur retard, ont été les premiers à réagir en créant le Cyber Command, une unité spécialisée dans les attaques internet, le cinquième terrain de bataille après l'air, la terre, la mer et l'espace... Pour sa part l'OTAN a créé un centre de formation à la cyberdéfense qui sera, dès le 1er janver 2009, prêt à répondre aux attaques de toute sorte.

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