mardi 5 août 2008

Alexandre Soljenitsyne (1918-2008)

L'auteur de l'Archipel du goulag, du Pavillon des cancéreux, et de tant d'autres ouvrages courageux, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche, à l'âge de 89 ans.
Sa mère était ukrainienne. J'ai lu presque tous ses ouvrages. Mon oncle, Émilien Tremblay, avait eu une correspondance avec lui au sujet du nationalisme ukrainien, que Soljenitsyne désapprouvait. La chute du communisme l'avait sûrement réjouit, mais pas l'éclatement de l'Union soviétique. À ces yeux, l'Ukraine, la Russie et la Biélorussie devaient restés unis dans ce grand ensemble slave.

Il y a plusieurs années j'avais eu l'occasion de lire un extrait d'un discours prononcé en 1978 à l'Université de Harvard et intitulé "Le déclin du courage". Discours lucide et critique car il y condamnait à la fois le communisme et le capitalisme. Ce matin, je me suis souvenue de ce discours.

Mais avant d'aller plus loin, je tiens à raconter une courte anecdote qui a plus ou moins rapport. Ce matin, en route vers le travail, j'entends à la radio une nouvelle au sujet d'un fait divers. À Toronto, une femme a assassiné la fillette de 7 ans dont elle avait la garde. Les voisins interrogés déclarent : C'était une famille normale et heureuse. NORMALE???? Qu'est-ce que c'est la normalité???? Pourquoi cette obligation de refléter le bonheur? "Vos écrans et vos écrits sont pleins de sourires sur commande (...) Pourquoi toute cette joie?" se demande Soljenitsyne...

"Le désir permanent de posséder toujours plus et d'avoir une vie meilleure, et la lutte en ce sens, ont imprimé sur de nombreux visages à l'Ouest les marques de l'inquiétude et même de la dépression, bien qu'il soit courant de cacher soigneusement de tels sentiments. Cette compétition active et intense finit par dominer toute pensée humaine et n'ouvre pas le moins du monde la voie de la liberté du développement spirituel."

"Autre chose ne manquera pas de surprendre un observateur venu de l'Est totalitaire, avec sa presse rigoureusement univoque : on découvre un courant général d'idées privilégiées au sein de la presse occidentale dans son ensemble (le voici le conformisme) , une sorte d'esprit du temps, fait de critères de jugement reconnus par tous, d'intérêts communs, la somme de tout cela donnant le sentiment non d'une compétition mais d'une uniformité. Il existe peut-être une liberté sans limite pour la presse, mais certainement pas pour le lecteur : les journaux ne font que transmetre avec énergie et emphase toutes ces opinions qui ne vont pas trop ouvertement contredire ce courant dominant."

Repose en paix Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne...

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